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« La machine est lancée, on ne reviendra pas en arrière »

Cédric FAIMALI

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Le belge Yves Picquet est depuis le 1er juillet 2020 le directeur général de la division Crop Science de Bayer France. Après avoir intégré le groupe en 2003 comme directeur des ventes pour la Belgique et le Luxembourg, il a été nommé en 2009 directeur de la division Crop Science en Roumanie, pour ensuite prendre la tête de la Russie, de la Biélorussie et du Kazakhstan, puis des pays du Caucase, des républiques d’Asie centrale et de l’Ukraine. Fort de ce parcours, il nous livre sa vision de la transition agroécologique et met en lumière les moyens mis en œuvre par Bayer pour y parvenir.

Où en est-on dans cette transition agroécologique, notamment sur le volet de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires ?

De par mon expérience européenne, notamment dans l’Est, je peux dire qu’en France on est vraiment à la pointe de la transition agroécologique. L’Europe a déjà la législation la plus exigeante en matière de produits phytosanitaires et la plus protectrice du consommateur. Et au sein de l’Europe, la France est de loin le pays le plus exigeant. Toute la filière est consciente qu’entreprendre cette transition est essentiel. Il y a déjà beaucoup d’efforts faits, notamment chez Bayer, mais on doit toujours faire face à une impatience grandissante pour parvenir à résoudre cette équation mêlant agriculture, environnement et santé. Les agriculteurs sont également de plus en plus soucieux de leurs pratiques mais aussi de leur image, ça devient un vrai enjeu pour eux comme pour la distribution agricole. Certes, tout n’est pas parfait. Il faut du temps pour réaliser cette transition et arriver à des systèmes plus durables. Mais la machine est lancée, on ne reviendra pas en arrière. Il ne faut cependant pas oublier que tous les produits de synthèse qui sont aujourd’hui commercialisés ont été homologués et répondent donc à des exigences toujours plus élevées.

Quelle est donc aujourd’hui la stratégie de Bayer en matière de protection des plantes ?

Il est très important pour nous d’être acteur de cette transition agroécologique. Et avec nos quatre piliers qui sont la chimie de synthèse, le biocontrôle, la semence et le digital, je pense qu’on est très bien placés pour le faire. Ainsi, on n’essaie plus de vendre des produits phytosanitaires, mais plutôt des itinéraires de culture durables qui partent de la semence, de plus en plus spécifique et intelligente, pilotés par des outils digitaux, pour apporter les bonnes doses au bon endroit et au bon moment, et qui intègrent les produits de biocontrôle pour protéger les cultures avec un moindre impact. Au bout du bout, on tâche de proposer des systèmes dont les différents éléments qui les composent sont adaptés à chaque contexte de production, car notre objectif premier est de vraiment servir toutes les agricultures.

Comment développez-vous ces nouveaux itinéraires, et notamment les solutions de biocontrôle ?

Le périmètre du biocontrôle est très vaste. De plus, ces produits sont beaucoup plus complexes à développer que ceux en conventionnel. Chercher tout seul n’est donc parfois pas optimal, et cela est vrai pour beaucoup d’autres domaines. On a donc vraiment changé notre stratégie de recherche, on part désormais vers des écosystèmes ouverts, en aidant par exemple des start-up à développer leurs technologies et leurs produits. C’est ce qu’on appelle l’open innovation.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche d’open innovation ?

Cette démarche repose sur des programmes d’innovation ouverte et des partenariats avec des jeunes entreprises issues des secteurs technologiques de pointe. Notre LifeHub Lyon, accolé à notre centre de recherche de La Dargoire, premier centre mondial de recherche fongicide, incarne cette démarche d’open innovation en étant une fenêtre sur la recherche et le cœur de Bayer. Avec ce lieu, on veut favoriser le dialogue avec la société, ainsi qu’avec les entreprises, et apporter les preuves que Bayer s’est vraiment lancée dans la transition agroécologique. Le « vivons heureux, vivons cachés » ne fonctionne pas pour l’agriculture, on a attendu trop longtemps pour prendre la parole. J’estime qu’on peut vraiment être très fiers du chemin qu’on a parcouru et du chemin tracé pour le futur, et je pense que la filière elle-même ne s’en rend pas toujours compte.

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